Gabriel, le texte

GABRIEL, L’ANGE ANNONCIATEUR

Un homme qui ne sait pas qu’il est une femme.

Son grand-père le Prince de Bramante la fait élever comme un homme par un précepteur, en prenant soin de lui montrer les grands exemples dans l’histoire de la supériorité de nature des hommes sur les femmes. En grandissant, Gabriel émet des doutes sur cette supériorité de l’homme et perçoit l’injustice qui existe dans ces lois.
La découverte de sa nature pose de grandes questions.

Gabriel remet en cause le mythe de l’éternel féminin.

Gabriel est un texte particulièrement intéressant dans la résonance qu’il peut avoir aujourd’hui. Durant l’année 2014, le débat public concernant des réformes sociales et éducatives a été le dépositaire de très grandes peurs concernant l’identité sexuelle. Les sociétés s’accrochent aux constructions de genre établis et reculent avec méfiance quand elles voient que le masculin et le féminin ne sont pas immuables.

Gabriel de George Sand est placé dans une autre temporalité qui nous aide à remettre en perspective toutes ces questions. Au XVIIIème siècle, les lettres, les arts et l’équitation sont des activités viriles et réservées aux hommes. Aujourd'hui toutes ces activités ont la connotation opposée, mais malgré cette preuve de la construction du genre dans notre société, les changements liés à l’émancipation des femmes, aux décloisonnements des genres et à l’égalité entre les sexes, notamment dans l’éducation, sont traités avec méfiance et peur.

Gabriel déconstruit le genre féminin. Ce n’est pas un hasard si le personnage porte le nom de l’archange annonciateur, il porte en lui la bonne nouvelle d’un autre possible pour les femmes.

« La femme ! la femme,
je ne sais à quel propos vous me parlez toujours de la femme. Quant à moi,
je ne sens pas que mon âme ait un sexe, comme vous tâchez souvent de me
le démontrer. Je ne sens en moi une faculté absolue pour quoi que ce soit :
par exemple, je ne me sens pas brave d’une manière absolue, ni poltron
non plus d’une manière absolue...»
Partie 1 - Scène III

UNE PIÈCE REFUSÉE PAR SES CONTEMPORAINS

George Sand écrivit cette pièce comme un roman dialogué : pour être lu et non joué.

Enthousiasmée par le récit, elle fera une adaptation pour le théâtre malheureusement introuvable aujourd’hui. Le théâtre de la porte Saint - Martin et tous les théâtres auxquels elle proposera sa pièce refuseront de la porter sur scène. L’aspect féministe du récit, les trop nombreux tableaux qui impliquaient un coût trop grand au montage, ainsi que certains conflits entre directeurs de théâtre, ont été un obstacle pour que la pièce soit jouée du vivant de George Sand.

L’adaptation respecte le lyrisme de l’auteure et concentre l’action dramatique autour de problématiques qui parlent encore à notre époque : la construction du genre et les
conflits mêlant amour et pouvoir.

« De tous les manuscrits de moi que j’ai relus [...] Gabriel est un des meilleurs comme sujet »
George Sand